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vendredi 28 septembre 2018

PANAME UNDERGROUND - JOHANN ZARCA

Pour le premier article de ce blog, nous allons mettre à l'honneur Johann Zarca, aussi connu sous le pseudonyme du "Mec de l'underground". Son credo à lui ce sont les bas-fonds parisiens qu'il décrypte en argot. Remarqué pour son premier roman "Le boss de Boulogne", édité chez Don Quichotte en 2014, il a décroché le Prix De Flore 2017 avec son quatrième roman, "Paname Underground", dont nous allons parler.

Zarca c'est un style qui manie une plume singulière. Le romancier américain Elmore Leonard conseillait "d'utiliser les dialectes régionaux et autres patois avec parcimonie". Zarca les use à outrance, si bien qu'une personne peu en phase avec le parler de la rue risque de se sentir un peu perdue. Si vous êtes originaire de la banlieue, vous n'aurez aucun mal à capter la jactance et retrouverez peut être des figures de styles de votre jeunesse. Et là, vous en redemanderez à coup sûr.

"J'éclate une Malbac. Le Uber de Dina s'arrête devant moi, ma frelonne s'éclipse de la gova et, surexcitée, vient me galocher sans retenue."

L'autre particularité de Zarca est sa narration : il écrit comme il vous parle. Ce genre très casse gueule se révèle être un atout majeur du texte, car il apporte une plus grande profondeur à l'histoire qui se veut terriblement trash. Dans ce roman, la diction est crue tout comme les scènes et les endroits que nous fréquentons, nous sommes menés par Zarca lui-même (personnage principal du bouquin) au cœur du "darkside" parisien, ce dernier souhaitant écrire un guide des bas-fonds.

"... le guide de l'underground parisien. Je pourrais consacrer un chapitre au bois de boubou, un aux bars à putes de Pigalle, un à Bezbar, je pourrais sillonner la place de la Nation avec mon pote Bibo et son équipe de charclos..."

Rue Saint-Denis, Pigalle, Belleville, Barbés, Place Clichy, Stalingrad, la Chapelle, et autres quartiers de la rive droite défilent au rythme des différents chapitres où l'on croise un large échantillon de populations : cailleras des cités, dealers, travelos, skinheads, clandestins, crackers, macros, putes, homos, clodos...

"A notre table l'ambiance est un peu chelou, l'Afghan, la trans, le pédé cuir, le renoi taillé comme un golgoth, le rebeu barbu, Komar et moi. Une bouillabaisse dans un pub de puceaux."

On se laisse facilement diriger dans les ruelles et les recoins étranges de la capitale, on tourne les pages sans vouloir s'arrêter, curieux de découvrir un autre quartier, une nouvelle ambiance mystique, tout en esclaffant par quelques "oh putain", "merde", "beurk", "ce n'est pas possible". On ne sait plus si Zarca nous raconte une fiction ou du vécu jusqu'à ce qu'il soit la cible d'un tueur et que le récit prenne un second souffle.

"Je scanne le motard, imagine qu'il va me demander son chemin ou me toper une tige mais au lieu de ça, le bikeur sort un calibre de son blouson et braque son arme sur moi."

Pour conclure, je vous incite à le lire parce qu'il se trouve tout simplement aux confins de la littérature habituelle, de par son style et son contenu. Il vous heurtera, vous choquera, vous intimidera, vous surprendra, puis trottera dans vos pensées pendant et après votre lecture. Vous plaira t-il forcément ? Je ne suis pas sûr, mais si vous aimez la culture alternative, il y a fort à parier que vous adorerez.
YB.


Où s’arrête le réel, où commence la fiction ? Zarca raconte les coulisses du guide des bas-fonds parisiens qu'il rédige depuis 2016. Love Hotel de la rue Saint-Denis, Afghans du Square Villemin, Belleville des lascars, La Chapelle des toxicos, backroom sordide de Montparnasse, QG des fachos de la Rive Gauche, combats clandestins à porte d'Aubervilliers…

L’auteur enchaîne les rencontres et les substances pour raconter le off de la capitale. Mais la virée parisienne se transforme en spirale de défonce et de rage quand Zarca est victime d’une tentative de meurtre et que sa frangine de cœur succombe à une overdose.


Editions Goutte D'or, octobre 2017.